Geschrieben von CGU am 31.03.2007 um 21:17:
Hallo ryhk,
Bolivien: nichts, wie erwartet.
Mauritius: nichts.
Bahrain: da käme einiges zu Symes.
Kostprobe, der erste Artikel über das Thema:
L'affaire des faux dinars de Bahreïn
Article paru dans l'édition du 23.06.99
Pour déstabiliser l'émirat de Bahreïn, les services secrets iraniens ont fait fabriquer, pour plus de 1 milliard de francs, de faux billets de 20 dinars. Un véritable polar qui met en scène de mystérieux princes arabes, un homme d'affaires sulfureux et un juge français chargé de démêler cet écheveau financier
UNE affaire de fausse monnaie qui porte sur l'équivalent de plus de 1 milliard de francs, c'est une première en France. Et des billets de banque aussi parfaitement imités, les services américains n'en ont jamais vu. Voilà qui donne une idée du savoir-faire de ceux qui ont conçu cette vaste escroquerie aux allures de polar. Un polar construit avec des ingrédients éprouvés : des princes arabes mystérieux, des chefs d'Etat africains au comportement douteux, des valises bourrées de faux billets imprimés en Amérique latine et qui se retrouvent dans un palace parisien, des banques installées dans les îles Caïmans... Oui, il y a tout ça dans cette affaire des « faux dinars » de Bahreïn que tente de démêler depuis près d'un an, à Paris, un juge du pôle financier, Xavière Simeoni.
Au départ, l'affaire, conçue en 1997, devait être une opération de déstabilisation financière : celle de l'émirat de Bahreïn, un Etat grand comme un mouchoir de poche mais qui abrite le quartier général de la Ve flotte américaine. Pour affaiblir l'émirat, à majorité chiite mais gouverné d'une main de fer par la tribu sunnite des Al-Khalifa, les services secrets iraniens ont imaginé d'inonder Bahreïn de faux billets de 20 dinars (280 francs environ).
Par prudence, leur fabrication a été sous-traitée à un « homme d'affaires » des plus sulfureux, Richard Mwamba. Agé d'une quarantaine d'années, ce Congolais (de l'ex-Zaïre) a un carnet d'adresses aussi épais que son portefeuille. Il est l'intime de plusieurs chefs d'Etat africains, fréquente des princes du Moyen-Orient et a de l'entregent à revendre. Allié de l'ancien président Mobutu, auquel il fut associé dans des affaires de diamants, il a survécu à son parrain, conservant même la présidence de la Fédération congolaise de football.
Au terme d'un contrat « clés en main », c'est donc cet homme débrouillard comme pas un qui, avec une poignée d'« associés » - et moyennant 3 millions de dollars de commissions -, va s'engager à fournir les faux dinars. La livraison aura lieu à N'Djamena, la capitale du Tchad, où la marchandise devra être récupérée par le client final.
La fabrication de fausse monnaie, Mwamba connaît. Dans son pays d'origine, en 1994, la découverte de près de 30 tonnes de faux billets zaïrois d'une qualité remarquable - fabriqués pour partie en Argentine - lui a valu d'être brièvement emprisonné, le temps, pour le président Mobutu, de faire libérer son ami. Cette fois, l'homme voit grand. On lui demande de fournir 60 millions de dinars ? Il va en faire imprimer plus du double pour faire profiter de l'aubaine quelques-uns de ses amis africains et rémunérer ceux qui, au sein même de l'Agence monétaire de Bahreïn - l'équivalent de la banque centrale -, ont accepté de marcher dans la combine et de lui fournir les documents techniques indispensables à la fabrication des « vrais-faux » billets.
Il reste à trouver un imprimeur. Pas question de s'adresser à l'imprimeur officiel de Bahreïn, le groupe britannique De La Rue. Le choix se porte sur une société argentine, Ciccone Calcografica SA, celle-là même impliquée dans l'affaire des faux zaïres. Créée il y a près d'un demi-siècle à Buenos Aires, l'entreprise a essaimé au Chili et, plus récemment, en Chine. Elle imprime indifféremment des billets de banque, des cartes d'identité, des coupons de loterie.
Se présentant comme un représentant de l'Agence monétaire de Bahrein, Richard Mwamba va entrer en contact, fin 1997, avec le représentant de Ciccone au Brésil, M. Viegas, un Portugais. Et, par son intermédiaire, rencontrer la direction de l'entreprise argentine. Menées par Jean-Pierre Youri Kim Bangala, un proche de Richard Mwamba, les discussions entre Ciccone Calcografica et les faux représentants de l'Agence monétaire de Bahreïn s'étalent sur plusieurs mois. Elles se concluent le 13 janvier 1998 à Johannesbourg, en Afrique du Sud, par la signature d'un contrat pour l'impression de sept millions de billets. Contrairement à tous les usages de la profession, relèveront les enquêteurs, à aucun moment Ciccone n'a éprouvé la nécessité de se rendre à Bahreïn, le client officiel. L'imprimeur présentera bien un échantillon des « vrais-faux » dinars à Mwamba et à quelques-uns de ses associés, mais la rencontre, en mars, aura lieu à Riyad, en Arabie saoudite.
S'AGIT-IL de brouiller les pistes ? La rémunération de la firme argentine emprunte un cheminement tortueux. Un premier acompte de 200 000 dollars, parti des îles Caïmans un paradis fiscal, via la société Uno, transite par Miami (Floride), à travers la société Evans International Inc et la Total Bank, avant d'aboutir, comme convenu, sur un compte du Crédit suisse de Munich, en Allemagne. Le représentant de Ciccone au Brésil, M. Viegas, recevra un second versement, de 96 000 dollars, remis en espèces dans un grand hôtel parisien. D'autres paiements en liquide ont- ils eu lieu ? Un peu moins de 300 000 dollars pour la fabrication de sept millions de billets : les enquêteurs trouvent la facture bien modique.
Le contrat signé, l'imprimeur, à qui ont été remis tous les documents officiels permettant de fabriquer de « vrais-faux » dinars, peut travailler. Pour le papier filigrané, Ciccone s'adresse au groupe papetier franco-britannique Arjo Wiggins, à qui, le 5 février 1998, il passe commande de 7,8 tonnes de papier qui lui seront livrées le 28 avril, avec le filigrane officiel de Bahreïn. Coût de la facture : 140 000 francs, payés par virement bancaire, le 5 mai, à partir de la Banco Roberts de Buenos Aires vers la BNP.
Le travail de Ciccone s'avère irréprochable. Même après examen, il est extrêmement difficile de distinguer un vrai billet de 20 dinars d'un « vrai-faux » billet, constateront plus tard les services américains. Le dessin, les teintes, le filigrane : tout y est.
L'acheminement vers l'Afrique de cette montagne de billets de banque sera étalé dans le temps. A deux reprises (25 mai et 18 juin), parti d'Ostende, en Belgique, un Boeing 707 loué à Espace Aviation Services Brussels atterrit à N'Djamena, les soutes chargées de billets. Au total, 100 millions de dinars rangés dans des cantines sont débarqués dans la capitale tchadienne. L'homme qui les récupère pour les entreposer dans les magasins de la présidence, le commandant Tili Gaoh, est le responsable de la sécurité rapprochée du chef de l'Etat. Peu de temps auparavant (le 18 mai), 40 millions de dinars ont été livrés à Niamey, la capitale du Niger, toujours par la voie aérienne.
A partir de ce moment, chacun des différents groupes va mettre en place sa filière pour se débarrasser des dinars et les échanger à l'étranger contre des devises fortes. Il y a la filière de Bahreïn, celle du Tchad, du Niger, et la filière de Mwamba. Les sommes à écouler sont colossales. Les faux billets de 20 dinars représentent une masse monétaire supérieure à celle des vrais billets de 20 dinars en circulation dans l'émirat. Les complices de Richard Mwamba à Bahrein sont formels : la corruption interne est telle que l'Agence monétaire acceptera les faux dinars, sous réserve que l'argent arrive par petites tranches pour ne pas donner l'alerte au président de la banque centrale, qui est également premier ministre de l'émirat, cheikh Khalifa Ben Salman Al-Khalifa.
Pourtant, très vite, le scénario dérape. Sharif Haïdara, un conseiller du président du Niger, Ibrahim Baré Maïnassara - qui sera assassiné le 9 avril 1999 -, est arrêté à Dubaï, la principale place financière du golfe, en compagnie d'un homme d'affaires, Hadj Maki. Les autorités ont trouvé suspect que des Africains débarquent d'un avion présidentiel avec plusieurs millions de dinars en billets de banque flambant neufs. Même scénario pour la filière tchadienne : à peine arrivé à Dubaï, un proche du président Idriss Deby est incarcéré malgré son passeport diplomatique - son complice réussira à quitter le pays par la mer. Au Liban, les Tchadiens ont davantage de chance : ils réussisent à changer dans des banques l'équivalent de plusieurs millions de francs.
Les complices de Richard Mwamba à Bahreïn ont choisi Paris pour écouler leurs dinars. Ils vont le faire en utilisant un homme de paille, un Marocain de leurs amis, Hicham Mandari. « Conseiller spécial » au palais, M. Mandari a ses entrées dans les banques et les bureaux de change de la capitale française. Appâté par la perspective d'une commission de plusieurs millions de francs, il accepte de changer les dinars pour le compte du prince héritier de Bahreïn, le cheikh Hamad Ben Salman Al-Khalifa, à l'époque ministre de la défense, qui, lui explique-t-on, souhaite investir en France. Hicham Mandari soupçonne que la vérité est un peu différente mais à aucun moment il n'imagine qu'il s'agit de faux billets. N'a-t-il pas eu au téléphone un homme qui s'est présenté comme étant le cheikh Hamad, et qui l'a chaleureusement remercié ?
Le samedi 30 mai, muni d'une lettre d'introduction signée par le prince héritier, M. Mandari se rend donc dans le bureau de change qu'il a l'habitude de fréquenter, sur les Champs-Elysées. Dans ses trois valises, plusieurs milliers de billets soigneusement emballés. Il y a l'équivalent de 21 millions de francs en coupures de 20 dinars. Après les vérifications d'usage - elles prendront plusieurs heures -, l'opération est acceptée. Mais, faute de liquidités, les devises ne seront remises à M. Mandari que le mardi 2 juin (le lundi était férié).
C'est dans une chambre du Ritz que le « conseiller du roi » remettra à ses « amis » les 21 millions - pour l'essentiel convertis en dollars et en livres. Encore ne s'agit-il que d'un début. Quelques jours plus tard, 3 millions de dinars supplémentaires, enfermés dans des sacs, lui sont remis le plus officiellement du monde au salon d'honneur de l'aéroport de Bruxelles. Pour des raisons fiscales, le Marocain a décidé de ne pas retourner à Paris mais d'aller les changer au Liban. Location d'un jet privé, gardes du corps à Beyrouth, opération de change chez Schoumane, retour à Bruxelles le lendemain avec plusieurs millions de dollars... Tout, semble-t-il, s'est déroulé sans encombre.
Sauf qu'à Bahreïn l'afflux de billets de 20 dinars les jours précédents a alerté les autorités. Le 9 juin, l'Agence monétaire sait que les coupures sont fausses. Ordre est donné aux banques à travers le monde de ne plus les accepter. Dès lors, une autre opération de change en préparation à Paris - distincte de la précédente - est vouée à l'échec. Montée par Jean-Pierre Youri Kim Bangala, qui se présente comme le conseiller d'un prince saoudien, lettre officielle à l'appui, avec la complicité d'un « homme d'affaires » français, Jean-Pierre Charriou, elle fait de Claude Sokolovitch, un militaire à la retraite reconverti dans les affaires, le changeur, intéressé. Des rencontres ont lieu place du Palais-Bourbon, dans un appartement de plusieurs centaines de mètres carrés, aux trois quarts vide, occupé par une femme. A ces réunions participeront un conseiller du président tchadien, Hassan Fadhoul, et le directeur de la Banque de développement du Tchad, Idriss Oudhman.
LES dinars de cette filière doivent arriver de Bruxelles le 18 juin. La transaction, ont prévu les membres de l'équipe, sera opérée à la Banque de France ou à la BNP. Elle n'aura pas lieu : ce jour-là, la police interpellera la plupart des protagonistes.
Aujourd'hui, plusieurs personnes sont toujours incarcérées à Paris. Des seconds couteaux ont été arrêtés en Suisse et en Belgique, mais les cerveaux de l'escroquerie coulent des jours tranquilles. Hicham Mandari s'est réfugié à l'étranger, d'où il clame son innocence.
Au Tchad, où une équipe de l'Agence monétaire de Bahreïn s'est rendue l'été dernier, les autorités ont refusé toute coopération au motif qu' « une enquête est en cours ». On ignore s'il reste des dinars à N'Djamena. Au Niger, en revanche, près de 12 millions de dinars ont été récupérés sur les 40 millions acheminés. A Bahreïn, toutes les coupures de 20 dinars ont été retirées de la circulation et remplacées par de nouveaux billets. Quant aux services secrets à l'origine de l'affaire, ils n'ont jamais pris livraison de leur marchandise.
JEAN-PIERRE TUQUOI
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